Si Twitter est très pratique pour effectuer des recherches sur des termes, des hahstags, ou des comptes il est également très pratique pour spammer en masse. L’API est assez ouverte pour accéder aux messages et effectuer des recherche assez poussées en quelques lignes de code, cela permet ainsi à de nombreux comptes de pratiquer l’automatisation à outrance.
C’est ce que ces nouveaux gurus appellent « Growth hacking » ou comment « pirater la croissance » en l’occurrence de son compte Twitter. Il est en effet assez facile de passer pour l’expert d’un sujet (au moins pour des sujets bien documentés sur le web et sur Twitter, au hasard le marketing ou la Frenchtech) en automatisant simplement quelques actions. Comme par exemple suivre et retweeter quelques comptes bien ciblés pour produire artificiellement du contenu sur le sujet et gagner en visibilité.
Mais ces comptes à priori véritables devenus des robots polluent chaque jour un peu plus nos timeline. La preuve en quelques cas pratiques…
Le marketing relationnel artificiel
Imaginez, vous êtes community manager et vos stats ne sont pas très bonnes ce mois-ci sur Twitter. Pas de panique si vous êtes dans le domaine technologique à tendance web plus ou moins marketing. C’est certainement la thématique où il y a le plus de robots. Notamment sur quelques hashtags bien spécifiques. Les classiques #marketing ou #webmarketing bien entendu. Mais il y a d’autres perles, on va se limiter à 3, suivez le guide…
#growthhacking
Les experts social media à la pointe se retrouvent sur ce hashtag de passionnés. Ou d’escrocs, selon l’interprétation. Ils sont chargés de vous apprendre les meilleures techniques d’inbound marketing (un terme obscur qui regorge lui aussi de consultants en tous genres, et revient en fait à du marketing relationnel par le contenu) pour faire grandir rapidement votre « communauté » et votre expertise sur le sujet. En ajoutant des comptes automatiquement à des listes et en mettant en favoris les tweets marqués par ces hashtags en espérant que les comptes émetteurs des tweets en question les suivent. Pour faire simple.
@Thierry_Moussu bien sur qu’ils utilisent. De plus en plus twitter devient un nid à bot. Je vois celui-ci beaucoup pic.twitter.com/3U30EzNmiP
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) March 20, 2015
#UX
Même but final (récupérer un maximum de followers et se construire une expertise factice sur le sujet) mais avec un public différent mais tout aussi international. Le hashtag #UX conviendra parfaitement à votre recherche de favoris faciles si vous travaillez pour une agence de design ou toute société œuvrant dans la conception de sites ou d’applications mobiles.
#Frenchtech
Alors autant vous dire que c’est certainement mon préféré. Vous n’êtes pas sans savoir que les startups françaises se portent plutôt bien, innovent, et se structurent en grands groupement d’entraide et de croissance. La French Tech est le label suprême de cet ecosystème et a bien entendu son hashtag dédié. Et les bots qui vont avec. Tout aussi incontournables les uns que les autres, certainement. Si vous tweetez un article sur une startup française utilisez le hahstag #frenchtech, vous verrez…
Donc pour booster son KLOUT, le "sésame, ouvre-toi" est #growthhacking #startup #frenchtech
— Nicolas Vanderbiest (@Nico_VanderB) May 11, 2015
Les fermes de comptes Twitter
Comme vous le savez surement les signaux provenant des réseaux sociaux sont toujours plus importants dans la qualité et la rapidité d’indexation d’un contenu par Google. Alors quand vous avez bien utilisé les techniques d’automation marketing pour construire une base de followers aussi artificielle soit-elle, pourquoi ne pas utiliser ces comptes pour une diffusion de contenu en masse ? Une bien bonne idée exploitée par de nombreux sites sur des thématiques générant du business par de l’affiliation et une rémunération au succès ou au volume de diffusion.
Un petit exemple pour la route ? Celui-ci me semble assez parlant…
Quid des concouristes ? Spam ou pas spam ?
Les concours et leurs « incentives » sont toujours très prisés pour le recrutement d’email, de fan ou de follower. Depuis les balbutiements de l’email marketing jusqu’aux réseaux sociaux que l’on connaît aujourd’hui cette technique de la carotte a toujours plutôt bien fonctionné. Il y aurait beaucoup à dire sur la qualité des leads récoltées mais ce n’est pas l’objet de cet article. Ce qui nous intéresse plutôt est de savoir où ranger ces armées de concouristes qui passent leurs journées à l’affût du moindre concours sur la toile.
Il faut dire que les mécaniques simples du type « tweetez sur tel hashtag et suivez le compte » ou « RT et suivez le compte » pour participer à un tirage au sort incite à ce genre de dérives…
Sur Twitter il suffit de savoir configurer Tweetdeck ou un filtre de recherche avancée pour ne pas en rater un (ce qui fera peut-être l’objet d’un prochain papier). Alors ces comptes qui passent leur vie à RT des concours de marque ou à participer sur un hashtag événementiel peuvent-ils être considérés comme du spam ? Le screen suivant est assez révélateur.
A qui profite le crime ?
A tout le monde !
Aux utilisateurs spammeurs évidemment, pour diffuser leurs messages et gagner en visibilité. Mais aussi aux marques en ce qui concerne les concours. La capture d’écran Renault est assez symptomatique, ces tweets sont clairement du spam de concouriste, mais noyés dans la masse ils font gonfler le nombre total de tweets sur la tendance. Une preuve que cette tendance sponsorisée est un succès pour justifier son coût côté Twitter, et la prestation côté agence.
Alors oui, on s’y habitue, mais attention aux dérives tout de même…